L’Etat d’urgence sanitaire imposé à l’ensemble de la population, sans aucune consultation préalable, a donné des ailes à de nombreux maires. On ne compte plus les arrêtés inutilement sécuritaires et surtout parfaitement illégaux pris par un certain nombre d’entre eux. A Boulogne-sur-mer, la reprise du travail chez les communaux s’est faite dans l’urgence et dans des conditions de sécurité qui ne sont pas réunies.
Nous sommes l’avant-veille des élections municipales, le vendredi 13 mars, les agents de la mairie et du CCAS sont conviés à une grand-messe salle des sports Léon Blum par Mr le maire. Cette invitation est liée aux prémices du confinement face au Covid19. Le maire est présent avec son staff au garde à vous face à un nombre conséquent d’agents inquiets et serrés comme des sardines, sans « distanciation sociale » comme on dit, mais cela ne semble perturber personne. Le discours rodé est brutal : Dans la période épidémique les mesures doivent être exceptionnelles, rappel des mesures de prévention à prendre dans la vie démocratique qui doit se poursuivre, ici, les élections municipales.
Celles-ci étant maintenues avec les précautions d’usage (gestes barrière et distanciation, lavage des mains). La valeur et les missions du service public doivent se poursuivre face à une épidémie qui épargne encore notre territoire. Se préparer à faire face à celle-ci en adaptant les missions de chacun voire un redéploiement des agents. Sachant, dit toujours le maire que, le télétravail ne peut exister dans les services publics. Selon lui, tout va bien, puisque nous ne sommes pas directement confrontés à cette crise. Les agents interrogent le maire sur des inquiétudes justifiées pour leur vie privée et ou professionnelle et se voient rabrouer par celui-ci, mécontent, semble-t-il des questions posées.
Malgré tout, instauration d’une cellule de crise et surtout, concrètement d’une permanence téléphonique de 8h à 22h pour informer et rassurer la population boulonnaise. Arrive la déclaration de guerre républicaine de l’Etat annonçant le confinement de toute la population. Ceci a pour effet, comme ailleurs, de mettre en autorisation d’absence exceptionnelle l’ensemble des agents n’étant pas dans un service dit essentiel pour le maintien du service public. Quoiqu’en pense le maire, le virus joue les touristes indésirables en cette bonne ville de Boulogne-sur-mer.
Après un mois de confinement, c’est brutalement que les agents sont appelés à reprendre le travail par une décision prise le mercredi 15 avril dans le cadre d’une réunion (CHSCT fraîchement réapparue pour l’occasion) entre le maire, son staff, les syndicats (maison) et la médecine du travail. Cette décision demandait aux chefs de service de programmer des plannings de présence physique pour un retour effectif à mi-temps (43,50%) des dits agents pour une reprise le lundi 20 avril.
Pourquoi une telle précipitation, alors qu’il était déjà annoncé un déconfinement pour le 11 mai ? Mystère. Sachant également, qu’est apparu, alors que nié plutôt, une activité salariale des agents par télétravail ou travail à distance (sans matériel fourni par l’administration).
Cette décision municipale est prise sous couvert du PCA (plan de continuité d’activité) prévu dans la loi d’état d’urgence sanitaire du 22 mars. Celui-ci est diffusé aux agents et le constat est clair, il s’agit d’un copier-coller de celui qu’on trouve dans le texte officiel du gouvernement, agrémenté de quelques nouveautés, dont le retour des agents appartenant à des services non essentiels à la continuité du service public (à la différence des services informatique, d’état civil, du financement, des ressources humaines, communication, le CCAS, les élus et les chefs de services). Fort est de constater, que la mairie se trouve en porte-à-faux vis-à-vis de la loi, sachant que nous sommes toujours en période de confinement et que seuls peuvent être présents les agents appartenant aux services essentiels au bon fonctionnement du service public. On raconte dans ledit document, qu’évidemment, la sécurité sanitaire sera assurée aux agents qui vont revenir…
Le lundi 20 avril, les agents reprennent le travail et les lieux tels qu’ils les avaient quittés. Ces mêmes lieux n’étant ni désinfectés, ni nettoyés ou dans le moins pire, un agent est désigné pour le nettoyage au moment même où d’autres agents prenaient leur service. Le constat est rapide : qu’il n’y a pas de gants, de masques (pour ceux qui sont obligés de travailler en contact avec d’autres collègues), peu ou pas de gel hydro-alcoolique, dans certains endroits presque plus de savon. Les agents se sont retrouvés à devoir désinfecter leur lieu de travail eux-mêmes. Des gants sont arrivés quelques jours après, et chacun, au niveau de la hiérarchie dans le déni, se renvoie la balle pour l’obtention des équipements et les responsabilités à prendre.
Voici la situation des agents de la municipalité à l’heure actuelle, on peut décemment se poser des questions sur le retour des élèves dans les écoles, vue le flou et le manque d’organisation actuel dans la municipalité.
Boulogne-sur-mer, le 24/04/2020