Le témoignage qui suit nous est cette fois rapporté par un consommateur, lequel a assisté effaré aux conditions de travail du salarié qui lui a fait une livraison ( payante à la société ) à domicile.
Chronologiquement, le fait divers commence naturellement par une commande par internet. Il s’agit d’un achat d’un lave-linge à hublot, un appareil lourd et volumineux. Parmi les items de la fiche de renseignements, il est précisé sans ambiguïté que la livraison se fera au premier étage, sans ascenseur. Il est également convenu que l’ancienne machine sera remporté par l’équipe de livraison.
Au jour J, coup de téléphone d’un livreur pour prévenir que le camion serait là dans quelques minutes ; 9 heures pile, il est là. Super, ponctualité exemplaire. Mais ça se complique tout de suite : le livreur est seul ! Seul pour trimbaler une machine de 68 kilos dans un escalier de 15 marches ! Alors que la boîte qui l’emploie savait explicitement que, rappelons le, la livraison se ferait à l’étage sans ascenseur et prévoyait les bras nécessaires.
Le particulier offre évidemment de donner un coup de main. Problème : ce dernier souffre d’arthrose ( cervicales et épaules )… Tant bien que mal, l’objet arrive à l’étage. Reste à descendre l’ancienne que l’entreprise s’est engagée à reprendre.
À nouveau, le particulier met la main à la pâte. Et là : les épaules lâchent, à peine le temps de poser l’engin qui commence à dévaler ; le livreur , en reculant réussit à la retenir, il s’en est fallu de peu qu’il soit écrasé.
Scandalisé et encore sous le coup, le client lui demande comment il va ; fort heureusement : plus de peur que de mal. Puis le client cherche à connaître le nom du patron qui ne regarde pas, visiblement pour faire des économies de personnel, à mettre sciemment en danger celui-ci. Réticence compréhensible du livreur qui demande simplement qu’on lui « mette une bonne note » – si, si ! Ils sont notés ! – lors de la réception du compte-rendu de livraison qu’enverra l’employeur….
Et de repartir, évidemment pressé, livrer un canapé.
Le particulier donnera évidemment la note maximale et un commentaire chiadé sur la mise en danger délibérée de ses salariés dans le fameux « bordereau en ligne ». .
Pour anecdotique qu’elle soit, cette expérience est éclairante. Les livreurs, ces professionnels que l’État et la presse qualifiaient, il y a peu encore, de ceux « en première ligne », le sont effectivement pour leurs patrons : de la chair à boulot !
Et comme dans d’autres secteurs, inutile de salarier des travailleurs là où le consommateur peut – ou pas ! – faire la moitié du travail.
Boulogne-sur-mer, le 09/10/2020